La vente est sur toutes les lèvres. Vincent Labrune ne l’exclut pas. Margarita Louis-Dreyfus ne la nie pas. Pas plus qu’elle ne conteste le rapprochement avec la banque d’affaires Rothschild, révélé par France Football fin janvier. A quoi sert exactement le groupe Français dans la vente de l’OM ? Eclairages avec Thierry Granturco, avocat en droit du sport.
Comment définir cette banque ?
C’est celle qui domine le marché français des banques d’affaires. En dehors de ses activités classiques, elle a un rôle de recherche d’acheteurs pour des entreprises. C’est une des seules banques en France qui conclut des deals de la dimension d’un club de football. « Quand on va voir cette banque-là, on sait qu’ils auront des gens intéressés dans leur portefeuille, illustre Thierry Granturco. S’ils ne les ont pas, ils auront le réseau suffisant pour les trouver. »
Quels sont ses liens avec le football ?
La banque attire les très grandes fortunes. Parmi elles, plusieurs footballeurs de haut niveau et des pilotes de Formule 1. Elle a également comme client des patrons du monde du football, dont « une bonne partie des grands propriétaires de Ligue 1, assure l’avocat, là où les dirigeants traitent, eux, avec les banques locales. » Avec une fortune personnelle estimée à 5,5 milliards d’euros, Margarita Louis-Dreyfus, propriétaire de l’OM depuis le décès de son mari Robert en 2009, colle parfaitement au profil.
Quel est son rôle concret dans la vente de l’OM ?
Avec l’OM, la banque peut avoir conclu soit un mandat de vente immédiate, soit un mandat « général » : « Je ne suis pas vendeur aujourd’hui mais si je vois passer une bonne offre, je vends », résume l’avocat. D’après des informations obtenues par RMC, Margarita Louis-Dreyfus serait en lien avec le groupe depuis 5 ans. L’OM aurait plutôt donc confié à Rothschild un mandat général. Dans ce cadre, le groupe a un mandat de recherche, trouver un acheteur, un rôle de conseil, pour conclure le meilleur deal possible et la capacité d’effectuer tous les actes de vente, jusqu’au transfert de fonds.
Qu’est-ce que ce rapprochement dit des intentions de Margarita Louis-Dreyfus ?
Tous les médias l’annoncent tour à tour depuis des semaines, des mois, voire des années. « Maintenant, c’est clair, tranche l’avocat. On ne se rapproche pas de Rothschild pour re-financer un club. C’est que l’on veut vendre ». Ces liens ne disent rien pour autant de l’imminence d’une transaction. La récupération des abonnements, comme l’assainissement des finances, faisaient croire à un lissage de l’image de l’OM, redorée pour séduire un acquéreur. Ou c’est simplement que « Margarita Louis-Dreyfus ne souhaite plus remettre la main à la poche », comme le pense Me Granturco. La plupart des clubs vendus récemment en France, n’étaient d’ailleurs pas à l’équilibre. Le PSG, racheté en 2011 par les Qataris, était en déficit depuis plus de 10 ans. Au moment de passer sous pavillon chinois en 2015, le FC Sochaux accusait un trou de 17 millions d’euros. « C’est quasiment la règle générale, poursuit-il. On vend moins cher mais ce n’est pas moins attractif. »
Quel type d’acheteur pourrait trouver la banque ?
Une grande fortune. « Une personnalité atypique, comme Bernard Tapie, ou une très grande fortune, détaille Granturco. Un milliardaire russe réussirait à Marseille. » L’OM peut même être une bonne affaire, selon le spécialiste en droit du sport. Le club phocéen réunit une implantation dans une grande métropole, la ferveur du public et un potentiel sportif. « Mais l’irrationnel, c’est l’environnement. Les Marseillais ne supportent pas la médiocrité. Un acheteur qui a les épaules insuffisamment larges commettrait un suicide. »
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