Once upon a time in the British soccer… C’est une histoire merveilleuse que celle du club de Leicester qui vient de remporter le championnat anglais. Les “Foxes” (pas aussi argentés que les autres) de Leicester font figure de Tom Thumb (petit poucet) face aux ogres de la Premier League que sont principalement Arsenal, Chelsea, Manchester City et Manchester United.
Mais outre le fait que les Foxes viennent de prouver qu’il était possible de devenir champions avec un budget bien moindre que celui de leurs concurrents, ils viennent aussi de remettre sur le devant de la scène des valeurs que l’on croyait oubliées dans le football moderne. Et bon sang que cela fait du bien !
Leicester, c’est d’abord un président Thaïlandais certes milliardaire, mais d’abord d’une discrétion à toute épreuve. Pas besoin pour lui de critiquer ses adversaires, de régulièrement descendre dans les vestiaires des arbitres ou d’apostropher tel ou tel joueur par presse interposée. L’arrivée de Vichai Srivaddhanaprabha en Premier League avait été critiquée ? Avec une humilité toute asiatique, il aura baissé la tête, travaillé et aura fait le nécessaire pour rester proche des supporters du club en toutes circonstances.
C’est aussi un coach, Claudio Ranieri, compétent et d’une sympathie presque incongrue dans le football professionnel d’aujourd’hui. A l’image de son président, celui qui n’a jamais gagné un championnat, malgré ses 64 ans, fut vertement accueilli à son arrivée à Leicester. D’abord par l’incontournable Gary Lineker, ex-international anglais, ex-joueur de Leicester et présentateur vedette du non moins fameux Match Of The Day sur la BBC. Mais il le fut aussi et entre autres par Roy Hodgson depuis lors devenu sélectionneur national en Angleterre. Egal à lui-même, Claudio Ranieri sera néanmoins resté d’une correction exemplaire contre vents et marées. Quelles que soient les circonstances, les décisions arbitrales ou les critiques des soi-disant spécialistes sur le jeu pratiqué par son équipe.
C’est enfin un effectif improbable pour remporter un championnat aussi compétitif que la Premier League. Quand on sait que les trois meilleurs joueurs des Foxes sont l’Algérien Riyad Mahrez, élu meilleur joueur du championnat cette saison bien que précédemment recalé par le football français, N’Golo Kanté le nouvel international français qui n’avait jamais attiré l’attention du moindre centre de formation avant d’atterrir à Caen la saison dernière et Jamie Vardy qui travaillait encore à l’usine il y a quelques années, on se dit que ce n’était pas gagné d’avance. Mais loin des clichés des stars du foot moderne, ces garçons ont constitué une vraie équipe. A l’ancienne. Avec une vraie solidarité entre eux, une envie d’être ensemble sur et en dehors du terrain. Ils ont mêlé abnégation et talent pour faire la nique à tous les prétendants au titre.
Et ils l’ont fait en renversant toutes les certitudes péremptoires des experts ”es” football. Pensez donc ! Leicester est devenu champion en ayant le 19e plus faible taux de possession du ballon de la Premier League. Pire ! Ils ont également eu le 19e plus faible taux de passes du championnat. Et comme si cela ne suffisait pas, les Foxes sont l’équipe qui a le taux de passes réussies le plus faible de la Premier League. Donc en résumé, les joueurs de Leicester avaient peu le ballon, quand ils l’avaient ils se faisaient peu de passes et quand ils se faisaient des passes, ils les réussissaient rarement. Des statistiques à rendre dingue notre Arsène Wenger national et coach d’Arsenal !
Rajouté au fait que le Claudio Ranieri alignait son équipe dans un schéma tactique considéré comme dépassé aujourd’hui (un 4-4-2 à plat), on aura compris que la tactique des Foxes était basée sur un jeu direct et rapidement porté vers l’attaque. Bref, comme savait le faire le foot anglais il y a quelques décennies.
Alors qu’un club moins riche et dispendieux que ses concurrents, dirigé par un président discret et courtois, entraîné par un coach compétent, humain, intelligent et sympathique et au sein duquel jouent des garçons à l’opposé des joueurs bling-bling du foot d’aujourd’hui, puisse devenir champion d’Angleterre, ça fait sacrément du bien ! A tel point qu’on en redemanderait presque.
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