FOOTBALL – L’année 2016 vient tout juste de commencer et il est coutumier, dans ce genre de circonstances, de formuler des vœux pour ceux qui nous sont chers. Je fais partie de ceux qui en formulent régulièrement pour le football, parce que je lui souhaite le meilleur de manière totalement altruiste. Et parce qu’en lui souhaitant le meilleur, j’espère de manière totalement égoïste qu’il me le rendra en continuant à me faire vibrer au détour d’un stade en France ou à l’étranger.
Et comme présenter ses vœux à la nouvelle année, c’est un peu projeter ses rêves vers un futur proche, je me suis laissé aller à rêver.
Je souhaite au football, au niveau international, des dirigeants intègres et transparents
Tout d’abord, je souhaite au football que le nom de FIFA soit de nouveau associé à la grande fête du football international, comme peut l’être la Coupe du Monde. Je pourrais même pousser jusqu’à souhaiter qu’il ne soit associé qu’à un jeu de console. Car je voudrais surtout qu’il ne rime plus avec prébendes, corruption et autres arrangements entre amis. Tous ces ingrédients détestables qui vont obliger la FIFA à profondément se réformer.
Car 2015 fut d’abord et peut-être surtout l’année du FIFAGate, du nom de ce scandale dont on ne voit pas l’issue et qui aura jeté dans la tourmente Sepp Blatter mais également un nombre impressionnant de responsables du football international dont les Français Michel Platini et Jérôme Valcke.
Alors certes, les plus naïfs d’entre nous seront surpris de ce déballage. D’autres, plus fatalistes, seront consternés de voir que certains en particulier auront servi les intérêts généraux du football avant de généralement se servir du football pour leurs intérêts particuliers. Enfin certains, furieux, voudront voir les têtes tomber et rouler aux pieds de la commission d’éthique de la FIFA dont l’activité frénétique de ces derniers mois nous rappelle celle de la guillotine d’après la Révolution française.
Mais les naïfs, les fatalistes et les furieux peuvent quand même, en ce début d’année 2016, se laisser aller à espérer. Car quoi que nous puissions dire de la manière employée, la FIFA est poussée à se réformer profondément. Les justices suisse et surtout américaine les invite à aller de l’avant avec une violence inouïe.
2016 devrait donc nous permettre de voir émerger de nouveaux dirigeants, de nouvelles règles de gouvernance et la fin des passe-droits. Car il est difficile d’imaginer qu’un contrat oral entre deux dirigeants de la FIFA pourra de nouveau être passé pour un montant de 1,8 million d’euros concernant des tâches indéterminées payées 9 ans après leur prestation. Et c’est tant mieux !
Je souhaite au football, en France, de se doter de nouveaux dirigeants : balles neuves !
Je souhaite par ailleurs au football français de faire ce qu’il échoue à faire depuis trop longtemps : nous permettre de nouveau de rêver. De comprendre d’une part que le football hexagonal a besoin de leaders et, d’autre part, d’accepter que ceux-ci puissent s’organiser pour devenir des champions à l’échelle européenne.
Dans les conditions actuelles et hormis le cas particulier du PSG, attendre d’un club français qu’il soit performant au niveau européen c’est comme demander à un joueur d’évoluer avec des crampons vissés de 16 millimètres sur un terrain synthétique sous prétexte qu’en France, c’est comme ça et puis c’est tout.
2015 a révélé au grand jour l’implosion de la gouvernance du football français. La LFP a assigné en justice la FFF pour une fumeuse question de montées et descentes entre les Ligues 1 et 2. L’Union des Clubs Professionnels de Football (UCPF) qui regroupait tous les clubs professionnels de football a quant à elle vu la quasi-totalité des clubs de Ligue 1 faire sécession.
Les présidents des uns insultent les présidents des autres par presse interposée. Mais tous veulent se représenter à la tête d’organisations qu’ils président depuis trop longtemps. Tout en, dans un même souffle, regrettant que le président de la FIFA ait pu aligner 4 mandats de suite. Et sans qu’une telle contradiction ne fasse par ailleurs frémir la moustache de Frédéric Thiriez, administrateur de la LFP depuis 1995, institution qu’il préside par ailleurs depuis 13 ans et qui envisage, 20 ans après son arrivée au sein de ladite Ligue, de se présenter pour un… 5e mandat.
Pendant ce temps, le foot français plie sous le poids de ses propres règles, se prend les pieds dans ses propres contradictions et se fait distancer par les autres grands championnats européens.
Tout ça sous le regard désolé des supporters français qui, en 2016, pourront légitimement faire le vœu avec moi que ceux qui régulent et gouvernent leur sport favori, aient l’intelligence de se retirer de leurs fonctions à l’issue de leurs mandats.
Pour emprunter au vocabulaire du tennis, nous pourrions dire : “balles neuves”!
Je souhaite à nos Bleus qu’ils relèguent définitivement frasques et faits divers au vestiaire
Je souhaite aussi au football français et plus particulièrement à nos internationaux, d’être aussi “performants” sur le terrain qu’ils le sont dans les pages faits divers des différents quotidiens sportifs européens.
Ma lecture quotidienne des presses anglaise, allemande, belge et française m’a en effet permis de constater que depuis 2010, de Knysna en passant par notre équipe espoirs et très récemment par un certain nombre de nos internationaux A, nos Bleus sont considérés comme les champions du monde en dehors du terrain.
Car il est vrai qu’au jeu des débordements (pas du type de ceux qu’on attend sur les ailes gauche ou droite du terrain), ils battent par exemple de très loin leurs homologues allemands, anglais, espagnols et autres italiens.
A ce titre, n’oublions pas que 2015 fut ainsi l’année de l’affaire Valbuena-Benzema. L’un n’a rien trouvé de mieux à faire que de filmer ses ébats et de se faire voler le film en question et l’autre, peut-être le plus talentueux de tous, n’a pas eu la présence d’esprit de comprendre que le rôle de médiateur entre le maître chanteur et sa victime qu’il décida d’endosser, pouvait éventuellement faire de lui un complice.
Résultat des courses : Benzema est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de rencontrer Valbuena.
Tant pis pour eux pourrions-nous dire. Mais tant pis aussi pour l’équipe de France et pour ses supporters puisque si Mathieu Valbuena et Karim Benzema ont l’interdiction de se rencontrer, ils ont aussi en conséquence celle de jouer ensemble. Du moins tant que le contrôle judiciaire imposé par la juge d’instruction en charge de l’affaire n’aura pas été levé.
Alors formons le vœu que la magistrate en question conclue rapidement à un non-lieu et que Karim Benzema puisse jouer l’Euro 2016.
Je souhaite au football français un PSG capable de faire de la Ligue des Champions son véritable terrain de chasse
Pendant que j’y suis, je souhaite également au football français de vraies raisons de croire qu’un club de l’hexagone puisse remporter une coupe d’Europe. Et si possible, la plus prestigieuse d’entre elles, à savoir la Ligue des Champions.
Je veux dire vraiment la gagner ! Pas la gagner sur l’une ou l’autre console de jeux, voire au détour d’une conversation animée en fin de repas entre passionnés de football.
Le problème c’est qu’on a pu avoir l’impression ces dernières années qu’on n’en a jamais été aussi loin. Nos clubs ne sont même plus à l’abri d’une déroute en Moldavie, au Kazakhstan ou dans des pays plus ou moins lointains ayant souvent moins d’habitants que la FFF n’a de licenciés.
Seul le PSG arrive encore à nous donner l’impression de pouvoir guerroyer avec les plus grands. Jusqu’à ce que, justement, il en rencontre un et se fasse éliminer.
2015 a donc vu le club parisien triompher – et le mot est faible – en France.
2016 pourrait si ce n’est être l’année de sa victoire en Ligue des Champions, du moins être celle de son passage à un statut supérieur qui lui permettra d’être définitivement un favori de l’édition 2016/17.
2016 sera aussi l’année de l’entrée de l’Olympique Lyonnais dans son nouveau stade (premier grand club français propriétaire de son enceinte) et peut-être celle de la naissance officielle d’une Première Ligue à la française et d’un renouveau de notre football national. Pour que le PSG puisse avoir demain de véritables concurrents dans l’hexagone.
Alors oui, il y a des raisons d’être optimistes.
Je souhaite finalement au football français un Euro 2016 de toute beauté, un Zidane au top, un football féminin ambitieux et tout plein d’autres bonnes choses
Et ce n’est pas tout. Car à chaque fois que nous avons une raison de nous morfondre de 2015, nous avons des raisons d’espérer en 2016.
Le football français va mal ? Valbuena et Benzema jouent aux vrais-faux amis et mettent l’équipe de France en danger ?
Tant pis ! Cela ne nous empêchera pas d’avoir le bonheur d’accueillir l’Euro 2016. Et notre équipe nationale est suffisamment forte, avec ou sans eux, pour y faire très bonne figure.
Les plus sceptiques doutent de leurs capacités ? Que cela ne tienne, notre football féminin continue à se structurer, à progresser et à performer en clubs comme en équipe nationale.
Michel Platini et Jérôme Valcke sont malmenés par la FIFA ?
Tant pis ! Ils devront faire face. Pendant ce temps, comme un signe du destin, Zinedine Zidane autre icône du football français prend les rênes du club le plus prestigieux du monde. L’honneur est (presque) sauf !
Alors ne goûtons pas notre plaisir. 2015 a été une année noire à bien des égards. Et pas que pour le football. Les séismes de l’année dernière continueront à produire des secousses en 2016.
Au football d’utiliser ces secousses au mieux pour remettre les choses à l’endroit.
C’est en tout cas ce que nous pouvons lui souhaiter à l’aube de nouvelle année.
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