Acheter un club de foot ? Mais quelle folie ! L’OM ? Invendable ! Et pourtant, même si le club marseillais cumule les handicaps, il reste un club hors norme sur l’échiquier du foot français et européen qui mériterait d’être racheté par un investisseur digne de ce nom.
L’OM est cependant, entre temps, devenue la risée du foot français. Non sans raisons. En voilà dix qui vont confirmer les rieurs :
1. son stade ne lui appartient pas : comme beaucoup de clubs français, il ne possède effectivement pas son outil de travail pour lequel il paye un loyer dont le montant jugé peu onéreux est de surcroît contesté avec véhémence par les contribuables locaux.
2. Ses joueurs professionnels ont une valeur marchande limitée. Quelques-uns, rares, échappent à ce constat. Les céder équivaudrait toutefois à empocher des liquidités mais à affaiblir le club sportivement et donc à terme financièrement, puisque les finances d’un club dépendent en grande partie de ses performances sportives.
3. Son centre de formation est improductif : il ne produit effectivement pas, depuis des années, les talents dont le club a besoin pour alimenter son équipe première.
4. Ses comptes sont durablement déficitaires : le club n’a connu qu’un seul exercice bénéficiaire sur les dix dernières saisons, forçant son actionnaire principale, Margarita Louis-Dreyfus à y injecter quelques 150 millions d’euros sur cette même période.
5. Le club évolue en Ligue 1 qui est elle-même durablement déficitaire : en d’autres termes, le secteur d’activité du club est lui-même en grande souffrance, comme les chiffres publiés annuellement par l’UCPF et la LFP le démontrent.
6. La concurrence en Ligue 1 reste cependant rude : le PSG et derrière lui Lyon sont devenus, chacun à leur manière, de véritables machines de guerre footballistique qu’il est difficile de contrecarrer et dont tout laisse à penser qu’ils continueront à dominer durablement le football français.
7. Un investisseur n’est en France pas totalement maitre de son investissement : celui-ci doit en effet être en ligne avec des règles tout à fait dérogatoires du droit commun, que la FFF vérifie via sa DNCG. Il ne pourra donc pas générer toutes les recettes qu’il veut, il ne pourra pas aisément jouer sur la dette comme levier financier, etc…
8. Un investisseur n’est en France pas totalement propriétaire de son club : un club est constitué d’une partie professionnelle, gérée sous forme de société commerciale et d’une partie amateurs gérée sous forme associative. Le football français a décidé pour des raisons historiques de donner l’agrément – à savoir l’autorisation de s’engager en compétition – à la partie associative du club, mettant en d’autres termes l’investisseur et son investissement dans des mains tierces.
9. Le public marseillais est ingérable : les supporters de l’OM aiment leur club passionnément. D’une passion dévorante face à laquelle aucun président n’aura jamais vraiment fait le poids, à l’exception du très controversé Bernard Tapie. Par conséquent, acheter le club aujourd’hui pour se faire vilipender et insulter demain par ceux même vous invitant à investir, peut faire reculer l’investisseur le plus hardi.
10. L’environnement est compliqué : Marseille d’une part et l’OM d’autre part, sont régulièrement associés à des “affaires”. A tort ou à raison. Mais parfois, au moins, à raison. Pas de quoi, encore, rassurer un investisseur.
En d’autres termes, potentiels acheteurs, passez votre chemin ! Et bien non ! Car s’il y a bien de nombreuses raisons de ne pas acheter l’OM, il y en a de très bonnes pour s’en porter acquéreur. Nous pourrions en proposer également 10 :
1. Marseille est la deuxième plus grande ville de France et peut compter sur un tissu industriel et économique local puissant sur lequel le club s’adosse et sur lequel il pourra continuer à s’adosser, y trouvant de nombreux et puissants sponsors. Il y a rarement de grands clubs en dehors des grandes villes. Or Marseille est une très grande ville.
2. Marseille peut compter sur un bassin de population important dans lequel le football est roi. Il y a tout à parier qu’avec un vrai projet de formation des jeunes joueurs de la région, l’OM serait tout aussi performant dans ce secteur que le PSG et l’OL le sont. Tout est là pour que les talents soient recrutés, formés et pour qu’ils deviennent performants au plus haut niveau. Un investisseur avisé et connaisseur saura remettre la formation au centre du projet du club.
3. L’OM possède son centre d’entraînement : même si c’est son seul actif corporel, le centre d’entraînement de la Commanderie est un très bel outil de travail et peu de clubs en France peuvent se vanter d’en avoir un identique en pleine propriété.
4. L’OM peut compter sur un public hors du commun : celui-ci peut certes être considéré comme une menace par un investisseur. Nous l’avons dit. Mais si tel est le cas, c’est que cet investisseur n’a effectivement rien à faire à Marseille. Marseille c’est l’OM, et l’OM c’est Marseille. Quelle autre ville en France et en Europe peut se targuer d’une telle relation fusionnelle avec son club ? Peu et en tout état de cause uniquement des clubs mythiques.
5. L’OM a un passé qui lui assure un bel avenir : le club phocéen a le plus beau palmarès français. Alors certes, un investisseur réfléchira à l’avenir du club. Il n’achètera pas un palmarès. Il achètera un potentiel développement. Mais en football, l’image d’un club, son histoire et ses valeurs sont extrêmement importantes. Manchester City et ses richissimes propriétaires ne seront par exemple jamais Liverpool et son “Never Walk Alone”. Dit autrement, l’OM offre à son propriétaire tous les outils de développement d’une marque forte.
6. C’est le bon moment : l’actionnaire principale du club veut vendre. Toute la communauté marseillaise attend un repreneur. Il en est ainsi du maire, Jean-Claude Gaudin, des joueurs et autres salariés du club, des supporters et, à certains égards, des autres clubs de Ligue 1. Tout le monde attend que l’OM redevienne un acteur majeur du football français.
7. Le prix d’achat sera très abordable : Margarita Louis-Dreyfus a fait savoir très clairement qu’elle ne fera pas du prix d’achat un problème. Des évaluations farfelues ont d’ailleurs circulées à propos du prix du club, certains le proposant à 114 millions d’euros. Un acheteur avisé saura acheter le club phocéen pour bien moins que la moitié de cette somme.
8. Un investissement vite récompensé : il est possible de penser que l’OM pourrait relativement vite revenir dans le top 5, puis dans le top 3 français, tout en travaillant en parallèle sur la performance de son centre de formation. Un investisseur pourra aujourd’hui plus que jamais faire comprendre aux Marseillais qu’un grand club, cela se construit dans la durée. Ce qui est par exemple possible à Lyon l’est aussi à Marseille. Même s’il faut que l’acheteur du club phocéen s’attende parfois à devoir affronter le mistral.
9. Les finances du club peuvent vite revenir à l’équilibre : il n’y a pas de malédiction en la matière. Le club a été déficitaire principalement parce qu’il a été mal géré. Margarita Louis-Dreyfus a payé, dans tous les sens du terme, un trop grand éloignement avec son club et sa direction. L’acheteur pourra remettre les comptes à flots avec une gestion plus rigoureuse du club phocéen.
10. Laisser une empreinte : aussi dur à dire que cela puisse paraître, un acheteur pourra aujourd’hui vraiment laisser son empreinte à Marseille. Car malgré les succès passés du club phocéen, celui-ci est aujourd’hui dans un état lamentable aussi bien sportivement, financièrement qu’administrativement. Il n’a plus de véritable projet depuis longtemps. L’acheteur pourra par conséquent repartir d’une feuille quasi blanche et dérouler son projet pour refaire de l’OM un grand de France et d’Europe.
On l’aura compris. Il faut être un minimum “fada” pour acheter l’OM. Mais quiconque voudra investir sérieusement dans le football français trouvera à Marseille tous les ingrédients de la réussite. Et la passion en plus.
Me Thierry Granturco a été mandaté par un fond d’investissement américain il y a quelques mois en vue de se pencher sur le dossier de l’OM, mais son client a finalement donné priorité à la Premier League anglaise sur la Ligue 1.
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