Le mercato hivernal, période pendant laquelle les clubs de football peuvent, en milieu de saison, procéder à des transferts de joueurs en vue d’alléger ou de compléter leurs effectifs, prendra fin dans quelques heures. Le marché 2013/14 aura été particulièrement calme. Le transfert de Yohan Cabaye au PSG n’est même pas un arbre qui masque la forêt. Cette baisse des ventes démontre encore, si besoin était, le contexte financier difficile auquel les clubs doivent faire face.
Or, les transferts sont d’une importance majeure pour le football professionnel. Ils permettent à certains clubs de constituer des équipes ultra compétitives en vue de remporter un maximum de compétitions qui elles-mêmes leur permettent d’engranger des revenus conséquents. Mais ils permettent également à d’autres, plus nombreux, de vendre certains de leurs joueurs prometteurs au meilleur prix et de tirer de ces ventes une partie substantielle de leurs revenus.
La France est le deuxième pays exportateur de joueurs au monde
Une étude récente du Centre Européen pour l’Étude du Sport (CIES) démontre que sur les 5 dernières saisons, la France avec 306 transferts arrive juste derrière le Brésil (471 transferts) en termes de nombre de joueurs nationaux transférés dans un pays étranger. Nos joueurs vont pour les meilleurs d’entre eux évoluer dans les championnats européens majeurs, à savoir en Angleterre, Allemagne, Espagne et Italie ou le niveau des compétitions qui s’y jouent et le niveau des rémunérations qui s’y versent sont tels qu’ils ne permettent pas à la France et à son championnat de les retenir.
Ainsi la très grande majorité des joueurs qui composent l’équipe nationale évoluent aujourd’hui à l’étranger (Arsenal, Bayern de Munich, Juventus de Turin, Manchester United, Manchester City, Newcastle, Real de Madrid, Tottenham, …).
Mais d’autres, plus anonymes, nourrissent des championnats de seconde zone, tels que les championnats belge, chypriote et turque, dont l’étude du CIES montre à quel point ils sont grands consommateurs de joueurs étrangers.
Les transferts, source importante de bénéfices pour les clubs français
La Commission européenne a récemment mis en exergue que le nombre des transferts de joueurs est passé de 5.735 lors de la saison 1994-95, pour un montant total de 402 millions à 18.307 pour la saison 2010-11 représentant un montant total de 3 milliards d’euros. Soit une multiplication par 3 du nombre des transferts et une multiplication par 7 des sommes y afférentes en l’espace de 15 ans.
Les clubs français ont profité pleinement de cette explosion du nombre de mutations. Le résultat de ces ventes de joueurs aura atteint un total de 157,5 millions d’euros pour la saison 2010/11 et de 144,4 millions d’euros pour la saison 2011/12. Les chiffres de la saison 2012/13 sont encore à affiner mais nul doute que, hors PSG (dont la situation est en tous points exceptionnelle et ne saurait être prise en compte pour analyser la situation des clubs de football professionnels en France), les revenus tirés de ces ventes de joueurs aura eu tendance à encore diminuer.
Les transferts de joueurs, une source de revenus vouée à se tarir
Outre le contexte économique, peu favorable aux dépenses de transferts, ceux-ci auront selon toute vraisemblance tendance à mécaniquement diminuer pour deux raisons essentielles.
La première tient à la mise en place imminente par l’UEFA d’un système dit de “fair-play financier” qui ne permettra plus aux clubs de dépenser des sommes autres que celles provenant de leurs recettes, excluant donc a priori celles régulièrement injectées en capital par certains de leurs richissimes propriétaires.
La seconde tient au fait que la Fifpro (le syndicat international des joueurs professionnels présidé par un Français, le très expérimenté Philippe Piat) a fait savoir en décembre dernier son intention de remettre en cause l’actuel système de transferts devant la Cour de Justice de l’Union européenne.
Alors même que les clubs professionnels français ont des comptes cumulés en pertes de quelque 130 millions d’euros en moyenne depuis plusieurs années, que plus de 50% des clubs européens enregistrent des pertes nettes, la probable réduction des recettes liées aux transferts de joueurs viendra selon toute vraisemblance encore impacter la situation économique des clubs.
Il est donc plus temps que jamais d’inventer en France ce fameux nouveau modèle économique du football professionnel, annoncé et attendu depuis tant d’années.
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