La France n’aura finalement pas été championne d’Europe chez elle. La plupart des “experts” semblent préférer voir la bouteille plus pleine que vide considérant que cette compétition en appelle déjà d’autres plus fécondes. Il faudra pourtant sûrement attendre quelques mois avant de véritablement pouvoir évaluer, à froid, les résultats de nos Bleus. Et il fait peu de doutes que, une fois la passion et l’émotion apaisées, des voix plus critiques s’élèveront quant à leur véritable performance.
Tel n’est pas le cas des aspects économiques et organisationnels de l’Euro 2016. Certes, les chiffres disponibles devront être complétés et affinés. Mais une conclusion claire peut déjà être tirée : la compétition organisée par l’UEFA sur notre sol, en collaboration avec la Fédération Française de Football (FFF) et avec le soutien de nos autorités aura été, à cet égard, un vrai succès.
D’un point de vue économique
Alors que l’Euro 2012 organisé conjointement entre la Pologne et l’Ukraine avait permis à l’UEFA de générer un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros, celui organisé en France aura atteint 1,93 milliards d’euros. Cette hausse des revenus de l’UEFA n’est pas en soi surprenante. Elle s’explique essentiellement de deux manières. D’une part par le fait que la compétition étant passée de 16 à 24 pays, le nombre de matches passa de 31 à 51 tout en accroissant conséquemment les revenus de la billetterie comme ceux provenant des droits TV. D’autre part, la compétition s’étalant dans le temps sur une période plus longue qu’auparavant, elle aura également permis à l’UEFA de tirer des revenus supplémentaires des différents partenariats signés à cette occasion.
Les principales recettes de l’UEFA lors de cet Euro 2016 sont donc composées des droits TV pour 1,05 milliards d’euros, de 400 millions d’euros de billetterie et de 480 millions d’euros de partenariats.
Ainsi, certains diront qu’une compétition dont le nombre de matches aura augmenté de 67% n’aura finalement généré que 27% de hausse de revenus. Et ils auront raison de s’interroger.
Côté dépenses, l’Euro 2016 aura coûté 1,1 milliard d’euros à l’UEFA, de telle sorte que le bénéfice dégagé aura au final été de 830 millions d’euros. Dans une conférence de presse, l’UEFA a fait savoir que 600 millions seront reversés aux 55 fédérations nationales membres alors que le solde de 230 millions d’euros servira à couvrir les frais d’organisation de l’Euro-2020 et de ses matches qualificatifs.
On aura donc compris que la formule d’un Euro à 24 équipes, contestée d’un point de vue sportif par certains entraîneurs, joueurs et autres ”experts”, ne sera pas remise en cause. Elle permet en effet à l’UEFA d’augmenter ses revenus de manière très substantielle alors même que les premiers chiffres en notre possession démontrent que l’UEFA n’a pas encore pleinement exploité toutes les possibilités économiques et financières offertes par cet élargissement de la compétition.
D’un point de vue organisationnel
Si l’évaluation économique de l’Euro 2016 n’est pas complètement concluante, son organisation a été, compte tenu des circonstances sécuritaires et sociales dans lesquelles la compétition se sera déroulée, à tous points de vue remarquable.
La France aura mobilisé 42.000 policiers, 30.000 gendarmes, 50.000 personnes de la sécurité civile et 30.000 agents privés de sécurité pour assurer la sécurité de cet Euro. 10.000 militaires leur ont prêté main forte chaque fois que de besoin. Peu de pays en Europe et au-delà dans le monde ont les moyens de tels déploiements. Et encore moins auraient eu la capacité de gérer un tel évènement sur leur sol, tout en faisant simultanément face au risque terroriste et à la contestation sociale qui s’est exprimée dans nos rues.
Les violences des supporters anglais et russes du 11 juin à Marseille auront fait long feu et les quelques bousculades dans les fan zones n’auront pas remis en cause leur réel succès puisque c’est plus de 4 millions de personnes qui y auront été accueillies sans problème majeur.
Ce succès s’est également exprimé dans nos stades au sein desquels une moyenne de 47.594 spectateurs par match aura été accueillie, soit la meilleure affluence moyenne pour un Euro depuis 1988.
Les Français auront donc répondu présents. Dans les fan zones, dans les stades et devant leurs TVs où ils ont également fait exploser les records d’audience. Ils se sont réconciliés avec leur équipe nationale qui jouit dorénavant d’un véritable capital sympathie auprès de ses supporters.
Alors s’il est plus que douteux, malgré l’étude ex ante commanditée par le gouvernement (et cela restera plus que douteux y compris après l’étude ex post qu’il vient de commanditer) qu’organiser un Euro avait un quelconque intérêt économique pour la France, il n’en reste pas moins qu’il nous faut nous féliciter de l’avoir accueilli. Nous avons pu surmonter nos peurs ensemble, nous avons vécu des émotions fortes ensemble, nous avons tous été “Bleus” en nous rassurant quant à notre capacité à vivre ensemble et à dépasser nos conflits. Et nous l’avons montré au monde entier pendant tout un mois.
Et cela n’a pas de prix.
Alors rien que pour cela, merci la FFF ! Merci Llloris, Griezman, Payet et tous les autres ! Et à très bientôt pour de nouvelles émotions!
Partager cette page