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Politique

Journée internationale des droits des femmes : « parce que l’eau qui tombe goutte à goutte finit par creuser la pierre »

10 mars 2021
En cette « Journée internationale des droits des femmes », j’ai une pensée émue pour mes grands-mères aujourd’hui disparues, qui seront nées et auront grandi à une époque où les femmes n’avaient constitutionnellement pas les mêmes droits que les hommes. Car pour mémoire, il a fallu attendre le 27 octobre 1946 pour que l’égalité entre hommes et femmes soit inscrite dans le Préambule de la Constitution. Depuis lors, « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ». Ou plutôt est supposé leur garantir des droits égaux.
Une pensée particulière pour ma mère, qui aura connu en 1956 la création de « la Maternité heureuse », mouvement de femmes en faveur du contrôle des naissances qui deviendra le Mouvement français pour le Planning familial (MFPF) en 1960 avec pour objectif l’éducation sexuelle, la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement.
Ma mère qui aura aussi connu le 13 juillet 1965 la loi modifiant le régime légal du mariage du couple se mariant sans contrat et permettant aux femmes de gérer leurs biens propres et d’exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
Qui aura connu le 28 décembre 1967 la loi Neuwirth autorisant la contraception et qui devra attendre 1971 pour que les décrets d’application soient publiés.
Qui aura également attendu le 4 juin 1970 que la loi relative à l’autorité parentale conjointe modifie le Code civil et substitue l’autorité parentale conjointe à la puissance paternelle pour que « les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille ».
J’avais alors 2 ans et ne savais pas quelle était la condition juridique de ma ma mère en tant que mère d’une part et en tant que femme d’autre part.
Ma mère qui aura également attendu une loi du 22 décembre 1972 pour que soit posé le principe de l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes.
Elle aura aussi connu l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1975, par une loi du 17 janvier 1975, autorisation devenue définitive grâce à une loi du 31 décembre 1979 et étendue par une nouvelle loi le 4 juillet 2001.
Elle verra naître le divorce par consentement mutuel grâce à une loi du 11 juillet 1975, puis la répression du viol par une loi du 23 décembre 1980.
J’avais 12 ans et ne me rendais toujours pas compte de la condition de la femme dans notre pays.
Une pensée pour ma sœur et pour ma compagne, qui, aux côtés de ma mère, connaîtront la première journée nationale des femmes le 8 mars 1982.
Elles verront ensuite la loi du 13 juillet 1983, dite loi Roudy, établir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
La loi du 23 décembre 1985 relative à l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux et des parents dans la gestion des biens des enfants mineurs sera ensuite adoptée.
J’avais 17 ans et ne me sentais pas concerné. Comme la plupart des garçons de mon âge à cette époque.
Le 5 septembre 1990, la Cour de Cassation reconnaissait pour la première fois le viol entre époux alors que le 21 décembre 1990 il fallut que par une décision du Conseil d’État, il soit établi que la loi Veil de 1975 autorisant l’IVG n’était pas contraire à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
J’avais 22 ans, j’étais étudiant en droit et prenais alors conscience de l’ampleur du problème.
Le 8 mars 1998, une circulaire relative à la féminisation des noms de métier, de fonction, grade ou titre était publiée au Journal Officiel. Les femmes pouvaient exercer certains métiers et être reconnues en tant que femmes par la langue française.
Le 6 juin 2000, la loi tendant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives était adoptée.
Ma mère, ma sœur et ma compagne auront également connu la loi du 23 mars 2006 relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, celle du 5 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs et celle du 31 juillet 2007 tendant à promouvoir l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives.
Elles auront également connu la loi du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle mais aussi, et entre autres, celle du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
J’ai aujourd’hui 52 ans et suis pleinement conscient de ce que fut, de ce qu’est et de ce que sera le combat des femmes pour défendre leurs droits ou, plus exactement, ce qu’ils devraient être.
J’ai donc aussi, en cette « Journée internationale des droits des femmes », une pensée particulière pour toutes les collaboratrices que j’emploie dans le cadre de mes activités professionnelles et dont je me suis toujours évertué à respecter les droits. Tout en me disant que je ne suis pour autant pas à l’abri d’un jugement hâtif, sexiste ou stéréotypé.
Une pensée également pour les adjointes et les conseillères municipales de la Mairie de Villers-sur-Mer avec qui j’exerce mes fonctions de Maire. Et que je me félicite, chaque jour, d’avoir à mes côtés.
Une pensée pour mes amies d’hier et d’aujourd’hui que je n’ai peut-être pas toujours vu affronter les obstacles qui se dressaient devant elles.
Et de manière générale, une pensée pour toutes les femmes qui doivent au XXIe siècle, continuer inlassablement à se battre pour leurs droits.
« La femme libre est seulement en train de naître » écrivait Simone De Beauvoir dans « Le deuxième sexe ». C’était en 1949. Pas sûr que 72 ans plus tard, la gestation de la femme libre soit terminée.
A chacun d’entre nous, hommes, de nous assurer du bien-être des femmes. Par des petits gestes, chacun de notre côté. Car comme l’écrivait Fernando de Rojas dans « La Célestine », « L’eau qui tombe goutte à goutte finit par creuser la pierre ».

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