La commission d’éthique de la Fifa pourrait suspendre, au moins provisoirement, Sepp Blatter et Michel Platini. Les explications de Thierry Granturco, avocat spécialiste droit du sport.
Du blâme à la suspension à vie
“La commission s’appuie sur un code d’éthique pour prendre ses décisions. Dans ce code d’éthique, il y a un certain nombre de sanctions qui sont prévues, qui vont du simple blâme à la suspension à vie, en passant par l’amende.”
Blatter puni ?
“Pour M.Blatter, on peut penser qu’on sera très logiquement dans le haut de l’échelle des sanctions. Même si sa culpabilité à titre personnel, dans les cas de corruption dont on parle, reste toujours à établir, sa responsabilité de dirigeant d’une organisation où la corruption a vraiment été une règle quasi-généralisée, est engagée. Si en tant qu’individu, il peut échapper à la sanction, en tant que dirigeant, il devrait avoir au minimum une suspension. Si ce n’est une radiation à vie de toute fonction dans le football.”
Platini épargné ?
“Pour M.Platini, les faits sont encore tout à fait nouveaux, pas encore avérés. Et en tout cas, ceux que l’on connaît ne permettent pas pour l’instant d’engager la responsabilité de Michel Platini. On pourrait penser que pour lui, on serait dans l’échelle basse des sanctions. Voire dans l’absence totale de sanctions. On n’est pas encore suffisamment avancé dans l’instruction pour savoir exactement ce qui peut être reproché à Michel Platini, si ce n’est un paiement tardif de son salaire dû entre 1999 et 2002.”
Deux cas dissociables
“On pourrait sanctionner l’un sans sanctionner l’autre. Les faits qui sont reprochés à M.Blatter vont bien plus loin que le paiement du salaire de Michel Platini, qui lui n’a que ce paiement à expliquer. L’un a une ribambelle de casseroles accrochées au derrière, tandis que l’autre est a priori tout à fait en mesure d’échapper à une sanction.”
Un récent désaccord interne
“La commission d’éthique de la FIFA est en réalité bicéphale. Elle est composée d’une chambre d’instruction et d’une chambre de jugement. Ce caractère bicéphale de la commission d’éthique de la Fifa a déjà beaucoup fait parler, puisque M.Garcia était président de la chambre d’instruction quand il a remis à la Fifa son fameux rapport, supposé comprendre l’ensemble des faits de corruption de la Fifa. Et c’est la chambre de jugement, toujours présidée par Hans-Joachim Eckert, qui avait décidé de ne pas y donner suite. Ce qui avait amené M.Garcia à démissionner de son poste (en décembre 2014, ndlr).”
Partager cette page