Le championnat de Ligue 1 n’a plus pour objectif d’élire un champion. Il a simplement pour but d’établir un classement. Car le champion, nous le connaissons avant même que le championnat ne débute.
Le PSG a en effet de nouveau été champion de France. Cette fois-ci dès à la 30e journée du championnat, en plein mois de mars, en gagnant de surcroît 9-0 à Troyes et en battant par la même occasion le record européen de précocité d’un titre de champion national.
Il ne manquerait plus qu’il remporte de nouveau la Coupe de la Ligue et la Coupe de France dans quelques semaines, comme il l’avait fait la saison dernière réalisant un quadruplé que nous pensions alors historique, pour définitivement assommer le football français.
Cette domination sans partage va nécessairement relancer les débats sur le foot business et sur la question de l’intérêt de notre championnat de Ligue 1.
Certains voudront brider les ambitions parisiennes par le droit. Ils réclameront beaucoup plus d’égalité au départ du championnat. Ils rêveront d’un fair-play financier français, européen voire international totalement révisé et beaucoup plus contraignant que ne l’est celui mis en place par l’UEFA.
D’autres rétorqueront que le simple fait d’essayer d’imposer par le droit l’équité financière entre les clubs et par là une certaine équité sportive, équivaudrait en fait à instaurer juridiquement une inégalité de départ puisqu’il serait demandé au PSG de ne pas utiliser tous ses moyens financiers pour concourir.
Dans l’état de notre droit positif, ces derniers auront raison. Nous sommes en effet plus proches aujourd’hui de la création d’une Ligue européenne fermée dans laquelle le PSG pourrait affronter les clubs de son acabit provenant de différents championnats européens, que nous le sommes des clubs d’antan gérés par des sociétés d’économie mixtes auxquelles les autorités locales prenaient part.
Toutefois, les uns et les autres se retrouvent sur un point : ils regrettent la perte d’intérêt de nos compétitions. Voir partir le PSG et ses stars dans une Ligue européenne ne satisferait probablement personne. Le PSG y compris.
Il faut donc que le football français se regarde dans les yeux. Et Laurent Blanc l’a d’ailleurs récemment fort bien suggéré. Le PSG est-il trop fort ou ses concurrents français sont-ils trop faibles ? Et si nous nous trompions de cible?
Mis à part l’Olympique Lyonnais (OL), qui est d’ailleurs le seul club français à avoir battu le PSG cette saison et dont la stratégie est claire et ambitieuse, que sont devenus par exemple les projets sportifs de Bordeaux et de l’Olympique de Marseille qui ont dominé le football français dans les années 80 et 90?
Même l’OL pointe à la 30e journée du championnat avec 13 points de moins qu’il en avait à la même journée lors de la saison 2014/15. Là où le PSG a, lui, 15 points de plus qu’à la 30e journée de la saison dernière. Au final, ce sont donc 31 points qui séparent le PSG du club qui aurait dû être son principal rival et 25 points qui le séparent de Monaco, actuel deuxième du championnat. Un tel écart entre un futur champion et son dauphin n’existe dans aucun autre championnat européen et certainement pas en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en Italie.
Nous nous doutions du déclin de notre Ligue 1 depuis déjà un certain temps. Les piètres performances de nos clubs en compétitions européennes constituaient un marqueur clair à cet égard. Nous pensions dans un premier temps que le foot français trouvait dans le PSG un arbre confortable derrière lequel cacher sa médiocrité. Ce n’est plus le cas. Cet arbre est devenu tellement majestueux et a pris une telle distance avec la forêt, que celle-ci nous réapparaît sous un triste jour.
Et son état n’est en rien la faute du PSG.