Nous avions pris le risque, dans ces colonnes, les 18 et 28 juin derniers, non seulement de tirer quelques conclusions après les premiers matches de poules joués par chaque pays, mais également de faire quelques prévisions pour le reste de la compétition. Le pari pouvait paraître a priori osé car l’entrée d’une équipe dans une compétition internationale n’est pas toujours révélatrice de ce que sera sa performance finale.
Nous avions cependant pris le parti de considérer qu’il y a finalement beaucoup plus de certitudes dans le football que l’on veut bien l’admettre, surtout lorsqu’une compétition se joue dans la durée comme c’est le cas d’une Coupe du monde. Et que dès lors, les mailles du filet de la compétition auraient tendance, avec le temps, à ne retenir que les gros poissons.
Qu’en a t’il été?
Les favoris, (presque) tous les favoris et rien que les favoris
Comme nous le pressentions après les premiers matches de chaque pays dans leurs poules respectives, presque tous les favoris se sont qualifiés en 1/8ème de finale.
Nous pensions que l’Espagne présentait tous les symptômes de la catastrophe sportive ayant frappé la France en 2002 (rappelons qu’après avoir été championne du monde en 1998 et championne d’Europe en 2000, la France n’était pas sortie de sa poule en 2002 lors de la Coupe du monde organisée en Corée du Sud et au Japon) et tel fut bien le cas.
Nous jugions l’Angleterre en grand danger eu égard aux ambitions affichées dans son groupe par le Costa Rica et elle connut effectivement un échec cuisant puisqu’elle ne réussit pas à sortir de sa poule.
Nous estimions l’Italie et le Portugal capables tout au plus d’atteindre les 8ème de finale. Mais ces deux équipes quittèrent finalement le Brésil un peu plus tôt que prévu.
En tout état de cause, pour renforcer le sentiment que les favoris sont effectivement au rendez-vous, nous pourrions nous contenter de souligner que lors des confrontations en 1/8ème de finale, ce furent finalement les premiers de chaque groupe qui se qualifièrent. Si bien que l’on retrouva en 1/4 de finale, le Brésil (premier du groupe A), les Pays-Bas (premier du groupe B), la Colombie (première du groupe C), le Costa Rica (premier du groupe D), la France (première du groupe E), l’Argentine (première du groupe F), l’Allemagne (première du groupe G) et la Belgique (première du groupe H).
L’Algérie, le Chili, les Etats-Unis, la Grèce, le Mexique le Nigéria, la Suisse et l’Uruguay qui avaient terminé deuxièmes de leurs groupes respectifs, trouvèrent plus forts qu’eux sur leurs routes une fois atteints les 1/8ème de finale.
De sorte que comme nous l’envisagions, aucun favori n’échoua à ce stade de la compétition. Il aura fallu finalement attendre les 1/4 de finale pour que certains d’entre eux commencent à quitter la compétition. Or, en 1/4 de finale, force fut de constater que les 4 favoris l’emportèrent une fois de plus. Le Brésil sortit la Colombie, l’Allemagne battit la France, l’Argentine élimina la Belgique et les Pays-Bas se défirent avec la plus grande difficulté d’un surprenant Costa Rica.
Nous retrouvons par conséquent en 1/2 finale, le Brésil (5 fois champions du monde), l’Allemagne (3 fois championne du monde), l’Argentine (2 fois championne du monde) et les Pays-Bas (jamais champions mais 3 fois finalistes): en d’autres termes, les favoris de la compétition. Comme si finalement les matches joués jusqu’ici n’avaient eu pour unique but que de déterminer ceux des 6 ou 8 réels prétendants, qui allaient pouvoir atteindre le dernier carré.
Coupe du monde ou Coupe d’Europe-Amérique du Sud?
Par ailleurs, le 28 juin nous annoncions également, à l’issue des groupes qualificatifs pour les 1/8ème de finale, que la Coupe du monde 2014 se jouerait entre pays européens et pays d’Amérique du Sud. Comme ce fut le cas lors des 19 premières éditions de cette compétition.
Nous ne prenions en réalité pas grands risques à l’annoncer. D’abord parce que les favoris de ces deux continents étaient bel et bien au rendez-vous des 1/8ème de finale. Ensuite parce que les équipes du continent africain d’une part (Algérie et Nigéria) et ceux de la zone dite CONCACAF, d’autre part (Amérique du Nord et Amérique Latine : Chili, Costa Rica, Etats-Unis et Mexique) avaient des chances très limitées de parvenir à la finale. En réalité, aucun de ces pays n’aura finalement franchi le cap des 1/4 de finale.
Les pays asiatiques ou rattachés à la Confédération Asiatique de Football (Australie, Corée du sud, Iran et Japon) n’auront quant à eux pas pu sortir des groupes qualificatifs. Pire, ils auront tous terminés derniers de leurs poules respectives. C’est dire si pour eux, le chemin vers un dernier carré de Coupe du monde reste encore long.
Par conséquent, la question sera encore, cette année, celle de savoir qui de l’Europe ou de l’Amérique du Sud gardera la Coupe du Monde de la FIFA (tel est son nom) pour les 4 ans à venir.
Et la France dans tout cela?
En tout cas, le trophée n’ira pas à Paris. La France a cependant tenu son rang. En terminant quart de finaliste, elle est d’ailleurs probablement à sa place.
Son résultat face à la Suisse, en match de poule, a amené certains à espérer mieux. Mais cette équipe n’est pas encore prête. Gageons cependant qu’elle sera difficile à battre en 2016, à domicile, pour les championnats d’Europe des Nations. C’est tout le mal que nous lui souhaitons et tout le mal que nous pouvons souhaiter à ses nombreux supporters qui n’attendent, comme nous l’avons vu, qu’une étincelle de sa part pour s’enflammer.
Comment est arbitrée cette Coupe du Monde?
L’arbitrage connaît de son côté une révolution tout en douceur qui ne fait bizarrement pas beaucoup parler d’elle. Pourtant, la FIFA a instauré, pour la toute première fois, le recours à la vidéo en Coupe du monde. Ce recours est limité puisqu’il ne vise que les franchissements de la ligne de but par le ballon.
Mais tout de même. Quelle avancée! La France fut d’ailleurs la première à la tester contre le Honduras. Depuis lors, il fut fait plusieurs fois recours à cette technique.
Le monde du football s’est-il écroulé pour autant? Apparemment non. Les nombreuses personnalités du football qui s’étaient opposé, parfois avec véhémence, à ce recours restreint à la vidéo, devront se rendre à l’évidence. La vidéo s’est imposée dans ce Mondial, sans la moindre anicroche. Comme si, en réalité, elle faisait partie de l’arbitrage depuis toujours.
Et tel est un peu le cas puisque les téléspectateurs voient les actions au ralenti à la télévision depuis de nombreuses années. Le fait que l’arbitre puisse également bénéficier du recours à l’image n’aura donc finalement rien eu d’incongru dans la manière dont joueurs et spectateurs auront vécu la compétition.
La FIFA aurait donc avantage à tirer les conséquences de cette première expérience et à l’entériner pour les compétitions à venir. Elle aurait même un intérêt certain à en étendre le champ d’application à d’autres situations de jeu litigieuses.
Car finalement, l’arbitrage peut être simplifié avec très peu. Le spray utilisé par les arbitres pour délimiter la distance réglementaire entre un tireur de coup-franc et le mur constitué par les joueurs adverses est en effet un exemple flagrant de ce que peut être une manière simple d’améliorer le respect des lois du jeu.
Nous avions pris l’habitude, avec le temps, de voir les murs soi-disant placés à distance réglementaire par les arbitres, se rapprocher petit à petit du tireur pour rendre sa frappe quasi impossible. Or, avec le spray, le mur est dorénavant immobilisé là ou il doit l’être. Celui qui voudrait tricher serait en effet vite identifié puisqu’il dépasserait alors la limite rendue ainsi visible par l’arbitre.
Il fut un temps ou les joueurs respectaient l’arbitre et les règles du jeu et ou le recours à la vidéo ou au spray aurait été inutile. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Que la FIFA évolue pour donner aux arbitres les moyens d’améliorer leurs prestations va donc dans le bon sens.
La Coupe du monde n’est cependant pas encore terminée. Il reste trois matches de très haut niveau à jouer pour connaître le futur champion du monde. Il sera à choisir entre l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et les Pays-Bas. Parmi ces quatre pays, seuls les Pays-Bas n’ont pas encore remporté de titre mondial.
Il serait donc dommage de terminer cet article sans prendre le risque de pronostiquer un vainqueur. Comme nous avions écarté le Brésil dès le 18 juin dernier et loué les qualités de l’Allemagne, c’est donc elle que nous donnerons vainqueur de cette vingtième Coupe du monde.
Après tout, il n’y a que ceux qui ne parient pas qui ne se trompent pas.
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