Le 16 août dernier, Brandao assenait un violent coup de tête à Thiago Motta, à l’issue du mach PSG-Bastia. Bien qu’aucune plainte ne fût déposée, le parquet décida de se saisir de l’affaire pour “violence commise dans une enceinte sportive avec préméditation”.
Et hier, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Brandao à un mois de prison ferme ainsi qu’à 20.000 euros d’amende
Le 18 août dernier, j’écrivais un billet dans ses colonnes expliquant les conséquences juridiques de l’agression de Brandao sur Thiago Motta. Être joueur professionnel ne garantit en effet pas l’impunité, mais encore faut-il analyser les différents textes en vigueur.
Dès le jour même, je fus littéralement bombardé d’appels téléphoniques et autres SMS de footballeurs, entraîneurs et autres dirigeants m’expliquant qu’ils ne comprenaient pas que je puisse envisager des sanctions autres que sportives contre le joueur.
S’ils ne contestaient pas mon analyse juridique, ils contestaient le fait que Bastia puisse licencier son joueur et surtout que la justice puisse se saisir de ces faits de violence. Car après tout, me disaient-ils, on ne parle que d’un coup de tête.
“Cela arrive dans le foot”. “Si la justice devait se saisir de toutes les affaires de ce genre, on ne s’en sortirait plus”. “En plus, Thiago Motta c’est une vraie crapule sur les terrains”. ” Il n’a que ce qu’il mérite”.
Et j’en passe et des meilleures.
Depuis hier et le prononcé de la peine par le tribunal correctionnel de Paris, le monde du football en remet une couche. “Inadmissible”, “inacceptable”, “scandaleux”, “honteux”…
Le Procureur de la République avait demandé 8 mois de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende. Le tribunal a décidé de retenir la préméditation et d’infliger au joueur de la prison ferme, faisant une interprétation stricte des textes. Et il est vrai que lorsqu’on visionne les images enregistrées dans le couloir du stade menant aux vestiaires, où eut lieu l’agression, on peut difficilement croire le joueur et son conseil lorsqu’ils affirment que l’agression n’était pas préméditée.
Tout laisse cependant à penser que la peine sera commuée en travaux d’intérêt général et que Brandao évitera donc la prison.
Je suis en tout état de cause de ceux qui regrettent ce qui arrive à ce joueur. Je le connais personnellement et comme cela peut se dire parfois dans les vestiaires, je pense que “c’est un bon gars”. La réputation qu’on veut bien lui faire n’est pas méritée. Ce n’est peut-être pas le plus fin des joueurs, ni le plus futé des hommes, mais il est regrettable de le voir si sévèrement puni.
Mais voilà, il a commis l’irréparable! Et les règles en vigueur s’appliquent à tous, en ce compris les joueurs de football professionnels. Qu’ils le veuillent ou non, ce sont, face à la loi, des citoyens comme les autres.
Les instances du football s’escriment souvent inutilement à demander des exceptions aux règles communes, arguant de la spécificité du sport. Comme si d’autres secteurs économiques n’étaient pas tout aussi spécifiques.
Les clubs souhaitent quant à eux des traitements fiscaux et sociaux différents des autres entreprises commerciales françaises, considérant qu’ils sont soumis à une concurrence féroce des clubs des autres pays européens. Comme si les autres entreprises opérant en France n’avaient pas des soucis concurrentiels identiques.
Les joueurs, quant à eux, estiment maintenant être au-dessus des textes de lois s’appliquant aux communs des mortels. Or, ces communs des mortels sont les mêmes que ceux qui vont les soutenir dans les stades avec leurs enfants. Et ils y vont pour voir des matches de football et non des échauffourées, altercations ou autres pugilats.
Donc ce qui arrive à Brandao est effectivement fort regrettable. Mais il gagnerait à accepter sa sanction. Espérons que cette dernière fera école dans le milieu du football et, au-delà, dans le milieu du sport. Et que ceux qui crient au scandale aujourd’hui soient finalement obligés, demain, d’informer leurs joueurs, collègues et salariés, que les tribunaux ordinaires peuvent aussi prendre leurs responsabilités et punir les auteurs de dérapages inacceptables.
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