Soyons clair : nous avons dé-pa-ssé les limites des bornes des frontières des jalons du périmètre de l’acceptable avec ces affaires de FIFA-BLATTER-UEFA-PLATINI-FFF et AUTRES-GATE.
Je crains qu’en fait ce soit définitivement trop !
L’avocat que je suis a longuement expliqué les règles gouvernant le fonctionnement de la FIFA. J’ai essayé d’être clair, neutre et didactique. Et ce bien que j’avais déclaré quelques semaines plus tôt, dans ces mêmes colonnes, mon soutien à la candidature de Michel Platini à la présidence de la FIFA.
Toutefois, le joueur et l’éducateur que j’ai été ainsi que l’actuel dirigeant de club que je suis aujourd’hui, peut difficilement rester de glace face à l’incurie généralisée de la gouvernance du football.
Essayons de réfléchir quelques minutes aux événements actuels et à ce qu’ils révèlent de la manière dont le football est administré. Pour ce faire, partons du petit club amateur proche de chez nous pour remonter l’échelle hiérarchique du football qui nous mènera, au final, à Zurich et à la FIFA.
En France, l’administration du sport a été déléguée par l’Etat à la Fédération Française de Football (FFF). Le ministère des Sports reste bien l’autorité de tutelle de la FFF, mais cela fait bien longtemps que la tutelle en question n’est plus réellement exercée. Au mieux, a-t-on droit de temps en temps à une sortie médiatique du ministre ou Secrétaire d’Etat en charge des sports visant à gronder tel ou tel responsable du football français. Mais, de façon générale, la FFF et la LFP pour ce qui relève du football professionnel, règlementent la pratique du football en France d’une manière autonome et dont tout le monde a pu, au fil du temps, se faire une opinion.
Admettons toutefois, pour mieux aller à l’essentiel, que pour la bonne administration (sic !) du football, un tel système de délégation de service public soit nécessaire et posons-nous la question de savoir comment il est mis en place.
La France comptait fin 2014, 2.000.706 licenciés. Ces footballeurs et footballeuses sont tous réglementairement rattachés à la FFF. Celle-ci procède donc régulièrement à des élections visant à élire les représentants de ces plus de 2 millions de pratiquants.
Mais la FFF étant maîtresse de ses règlements, elle a mis en place un système électoral totalement verrouillé qui ne permet quasi pas de débats contradictoires. Car qui peut croire aujourd’hui que si les plus de 2 millions de licenciés de la FFF pouvaient voter, M. Le Graët serait élu à leur tête? Qui peut même penser que M. Thiriez le serait pour ce qui relève du football professionnel ?
Mais soit ! Considérons-les comme représentatifs des licenciés de la FFF. Ceci pourrait plus ou moins être acceptable sur le territoire français.
Sauf que le football dépasse nos frontières et se pratique également partout ailleurs en Europe et dans le reste du monde. C’est là qu’interviennent les confédérations de fédérations que sont entre autres, pour nous Français, l’UEFA et la FIFA. Pour que certains des clubs français et leurs pratiquants ainsi que nos sélections nationales puissent participer à des compétitions européennes et internationales, il faut effectivement s’en remettre à des organisations supranationales.
La FFF s’en remet donc à l’UEFA et à la FIFA pour gérer les activités européennes et internationales de ses licenciés. Du coup, le licencié de la FFF se fait expliquer par le Ministère des sports que pour ce qui relève de sa pratique, il devra se soumettre à la FFF. La FFF lui explique de son côté qu’il devra se soumettre à ses règlements mais qu’il n’aura pas son mot à dire quant à leur contenu et à leur adoption.
Et quand on en vient à la manière dont la FIFA est gérée, alors la question de savoir s’il aurait pu avoir son mot à dire ne se pose carrément plus. A tel point que vous, peut-être licenciés de football dans un club amateur en France, avez récemment voté sans le savoir et probablement sans le vouloir pour que Sepp Blatter soit réélu à la tête de la FIFA. Et oui !
La France, représentée par son Ministère des Sports, lui-même représenté par la FFF, elle-même représentée par M. Le Graët, représentant donc au minimum 2.000.706 licenciés, a voté le 29 mai 2015 pour que Sepp Blatter soit réélu pour un cinquième mandat à la présidence de la FIFA alors même que les affaires de corruption avaient déjà éclaté.
Et alors même que notre Ministre des sports et notre secrétaire d’Etat aux sports prônaient à cet égard et à haute voix, une “tolérance 0″.
Du coup, quand des gens autorisés s’autorisent des trucs à l’échelle nationale et qu’ils acceptent d’en autoriser d’autres pour qu’ils s’autorisent des trucs à l’échelle internationale, il ne faut pas s’étonner du résultat. Si bien que quand les autorisés-autorisateurs s’autorisent à déplorer la situation actuelle, on a quand même bien le droit de s’autoriser à notre tour à ne plus les autoriser à se moquer du monde.
La FIFA n’a un véritable code d’éthique que depuis 2012. Ce code d’éthique s’inscrit dans le cadre des règlements généraux de la FIFA. Il contient des règles, il prévoit des sanctions, qui sont susceptibles de recours internes comme externes.
Le problème n’est pas vraiment là. Michel Platini qui est, pour ce que je peux en voir à ce jour, injustement cloué au pilori, saura faire la meilleure application juridique de ces règles. Est-ce que cela lui permettra, politiquement, de sauver sa candidature ? C’est une autre histoire.
Mais en tout état de cause qu’il reste ”seulement” président de l’UEFA ou qu’il accède à la présidence de la FIFA, il n’en reste pas moins que Michel Platini est une personne autorisée s’autorisant des trucs et en autorisant d’autres à certains de ses homologues depuis très longtemps. Il exerce effectivement des fonctions officielles à la FIFA depuis 1998. C’est-à-dire depuis 17 ans. C’est long 17 ans…
Alors Michel, je souhaite que vous puissiez faire entendre vos arguments au plus vite tout comme je souhaite ardemment que vous puissiez être élu à la tête de la FIFA. Mais je ne souhaite plus en tant que dirigeant de club, en tant que père d’enfants licenciés de football et en tant que passionné, continuer à voir les gouvernants du football défier avec arrogance les règles les plus élémentaires de bonne gouvernance et de transparence.
Car CA SUF-FIT !
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