C’est décidé. La France ira jouer la Coupe du Monde de football en Russie pour affronter, en phase de poule, l’Australie, le Danemark et le Pérou. Un tirage très clément qui devrait permettre à la France de monter progressivement en puissance avant de gagner, espérons-le, la finale à Moscou le 15 juillet prochain.
Car la Coupe du Monde aura bien lieu en Russie l’année prochaine. Cette affirmation peut paraître évidente. Mais elle ne l’est pas du tout.
Tout d’abord parce que le processus d’attribution des Coupes du Monde 2018 à la Russie et 2022 au Qatar fait actuellement l’objet de nombreuses enquêtes judiciaires. Parce que des faits de corruption sont maintenant avérés. Parce que nous avons passé le temps des soupçons pour tomber dans celui des certitudes.
Les premières condamnations tombent aux Etats-Unis où la justice s’est saisi à bras le corps du dossier. D’autres investigations sont en cours, en particulier en Suisse. De nouvelles sanctions tomberont, inévitablement.
La plupart des organisations auraient tiré toutes les conséquences de cette situation gravissime pour le football mondial. Les procédures de vote auraient été annulées, d’autres auraient été organisées, avec ou sans la Russie et le Qatar.
La FIFA, quant à elle, a décidé de… ne rien faire. La Coupe du monde se déroulera donc en 2018 dans un pays choisi dans le cadre d’une procédure ayant fait l’objet de faits de corruption. Il faut le dire. Il faut l’écrire.
La Coupe du Monde se déroulera aussi dans un pays accusé d’avoir mis en place un programme de dopage décidé au plus haut niveau de l’Etat.
Le rapport du juriste canadien McLaren, aujourd’hui validé par la quasi-totalité des agences antidopage nationales, met en évidence des pratiques illicites de très grande ampleur en Russie. A tel point qu’il ne se passe quasi plus une semaine sans qu’un athlète russe ne se voit sanctionné pour dopage et sans que sa médaille, obtenue aux JO ou à des championnats du Monde d’une discipline sportive quelconque, ne lui soit retirée.
La Coupe du Monde, octroyée selon une procédure entachée de corruption, sera donc également organisée dans un pays qui aura fait du dopage une pratique étatique. Ce qui ne semble pas poser de problème au Président de la FIFA Gianni Infantino et à sa Secrétaire Générale Mme Fatma Samoura.
Passons, enfin, sur la situation des droits de l’Homme en Russie, dont la FIFA dit pourtant se préoccuper.
Et passons finalement, sur le fait que la FIFA se fait fort de n’accepter aucune ingérence politique dans le football, sanctionnant parfois durement une fédération dès lors qu’un ministre essaye de s’immiscer dans sa gestion. Alors qu’elle accepte par ailleurs que la fédération russe de football soit présidée par Vitaly Mutko, ancien Ministre des Sports et aujourd’hui Vice-Premier Ministre. De sorte que rien de ce qui concerne le football en Russie, ne peut être apolitique.
Ne perdons pas de vue tout cela. Et pensons que quand nous nous assiérons sur notre canapé pour soutenir les Bleus en Russie, à partir du 14 juin prochain, nous nous assiérons aussi sur des principes fondamentaux. Sur l’intégrité d’abord, mais aussi sur l’ensemble des valeurs et de l’éthique du sport.
Ce n’est pas acceptable. Que nos Bleus gagnent ou ne gagnent pas cette Coupe du Monde 2018, le match est déjà perdu pour le football.
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