Le magazine Forbes dresse cette semaine un bilan peu flatteur de l’état de la Chinese Super League. A l’heure où les investisseurs chinois dépensent sans compter lorsqu’il s’agit de s’offrir une participation dans un club européen, ou d’attirer une star du ballon rond au pays, il semblerait que le bilan financier des investissements dans le championnat national ne soit pas très positif.
S’il est vrai que les prix payés pour l’acquisition de clubs dans le championnat chinois ont flambé ces dernières années, il semblerait que les causes de ce phénomène soient politiques et non économiques.
L’exemple le plus parlant est sans doute celui de Guangzhou Evergrande. Il y a deux ans, Jack Ma, propriétaire du groupe Alibaba, paya 192 millions $ pour détenir 50% de ce club. Cet investissement aboutit à un rendement annualisé de 120% pour Evergrande Real Estate Group, dirigé par le magnat de l’immobilier Xu Jiayin, acquéreur du club en 2010.
Dans le même temps néanmoins, le club estimé par Forbes à 282 millions $ a déclaré des pertes d’exploitation de l’ordre de 200 millions $ la saison dernière ! Et c’est loin d’être le seul club dans ce cas.
Si ces pertes peuvent être compensées par la fortune personnelle de ses riches investisseurs, quelle est la logique derrière tout cela ? Pour certains, il ne s’agirait que de manœuvres destinées à s’offrir des faveurs politiques. En effet, le président Xi Jinping est un fervent amateur de football, et il a annoncé qu’il voulait faire de la Chine une « puissance footballistique ». En mars 2015, un plan de réforme en cinquante points fut dévoilé par le gouvernement chinois avec la volonté à terme d’accueillir et de remporter la Coupe du Monde de football. Au cœur du programme : le développement de la Super League pour en faire l’un des plus grands championnats au monde.
Simon Chadwick, professeur à l’Université de Salford à Manchester, voit ainsi la politique chinoise comme reflétant d’une part la volonté d’attirer des grands joueurs via les meilleurs clubs de Chinese Super League, et d’autre part de renforcer la formation des jeunes joueurs. La croissance du football chinois reste malgré tout selon lui « une politique et une stratégie étatique unique et sans précédent pour le sport lorsqu’on la compare aux autres championnats à travers le monde. » Se pose alors une question : le football chinois sera-t-il susceptible de se maintenir sans support politique dans le futur ? Rien n’est moins sûr.
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