Les derniers matches de groupes de qualification ont été joués jeudi soir au Brésil et les derniers qualifiés pour les 8èmes de finale de la Coupe du monde sont dorénavant connus. Il nous semble intéressant, à ce stade de la compétition, de nous arrêter quelques instants sur les zones géographiques desquelles proviennent les pays qualifiés et sur ce que cela nous dit quant à l’évolution du football.
Le football est géré par des confédérations ayant une compétence continentale
Pour qu’une Coupe du monde, compétition internationale s’il en est, puisse avoir lieu, il faut qu’elle soit administrée par une autorité qui ait une compétence que les juristes qualifieront de “rationae materiae” (compétence d’attribution) et “rationae loci” (compétence territoriale). Cette double compétence appartient aujourd’hui à l’omnipotente Fédération Internationale de Football Association (FIFA).
Toutefois, la compétition étant planétaire, les compétitions qualificatives des 209 pays affiliés à la FIFA s’organise de manière géographique.
C’est là qu’interviennent les Confédérations qui sont les organes de tutelle des fédérations nationales dans chaque continent. Sous leur responsabilité, les pays affiliés à la FIFA qui souhaitent se qualifier pour la Coupe du monde, s’affrontent dans des matches qualificatifs restreints, en règle générale, à leurs zones géographiques.
Ces confédérations envoient un certain nombre de pays à la Coupe du monde
La plus connue et sûrement la plus puissante de ces Confédérations est l’Union des Associations Européennes de Football (UEFA). 13 des 32 pays engagés au Brésil proviennent ainsi de la zone UEFA (Allemagne, Angleterre, Belgique, Bosnie, Croatie, Espagne, France, Grèce, Hollande, Italie, Portugal, Russie et Suisse).
Elle est suivie, en termes de nombre de pays qualifiés, par la Confédération Sud-Américaine de Football (CSF ou CONMEBOL) qui a envoyé 5 pays à la Coupe du monde et est représentée en tout par 6 pays avec le Brésil, pays organisateur (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Equateur et Uruguay).
Viennent ensuite la Confédération Africaine de Football (CAF) avec 5 pays (Algérie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana et Nigéria), la Confédération Asiatique de Football (plus connue sous son acronyme anglais AFC) avec 4 pays (Australie, Corée du Sud, Iran et Japon), et finalement la Confédération de Football d’Amérique du Nord, d’Amérique Centrale et des Caraïbes (CONCACAF) avec également 4 pays (Costa Rica, Honduras, Mexique et USA).
Seule la Confédération du Football d’Océanie (CFO) n’est pas représentée au Brésil, les pays la composant s’étant fait éliminer par des pays d’autres Confédérations dans des matches de barrage intercontinentaux.
Ces pays ont subi des sorts variés en groupes de qualification selon leur provenance géographique
Une fois le verdict des matches de groupes connu, le nombre de pays qualifiés passe donc de 32 à 16 pour que puissent se jouer les 8èmes de finale, suivis des quarts, demies et de la finale.
Or, lorsque nous regardons la liste des qualifiés, nous constatons que les Européens qui étaient 13 au départ et représentaient 40,63% des équipes engagées à la Coupe du monde, restent 6 en 8èmes de finale pour représenter 37,5 % des équipes encore en lice. Par conséquent, le continent européen a certes perdu (entre autres) l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie, trois pays champions du Monde, mais elle conserve une très forte représentation dans le Mondial à ce stade de la compétition.
La CSF (Amérique du Sud) qui était au départ représentée par 6 pays, en conserve finalement 5 dans les 16 derniers qualifiés pour le Mondial, passant dès lors de 18,75 % des pays engagés à 31,25%. Seul l’Equateur, qui concourait dans le groupe de la France, a été écarté des 8èmes de finale.
Autre grand gagnant de cette première partie de la compétition, la CONCACAF qui avait engagé 4 pays au début de la Coupe du monde et qui en garde 3 en 8èmes de finale. Le seul pays n’ayant pas passé ce cap est le Honduras qui figurait également dans le groupe de la France. Les pays de la CONCACAF qui représentaient au départ 12,5 % des pays engagés au Brésil, passent dorénavant à 18,75% du nombre de pays encore en course pour le titre.
La CAF (Afrique) qui avait quant à elle engagé 5 pays (soit 15,62% du nombre total de pays engagés), en conserve finalement 2 (soit 12,5% des pays qualifiés en 8èmes de finale) grâce à l’exploit réalisé hier soir par l’Algérie.
Moins heureuse a été l’AFC (Asie) qui avait engagé 4 pays (12,5% du nombre total de pays engagés) dans cette compétition et dont aucun n’a pu sortir de la phase des groupes de qualification.
Y a-t-il des leçons à tirer de cette première partie de la Coupe du monde ?
Il ressort donc de ces constats factuels et chiffrés, qui s’écartent volontairement de toutes considérations passionnelles générées par les matches joués jusqu’ici, que la Coupe du Monde au Brésil se jouera selon toute vraisemblance de nouveau entre l’Europe et l’Amérique du Sud.
Rappelons que sur les 19 premières éditions, 10 ont été gagnées par un pays européen (4 par Italie, 3 par l’Allemagne, 1 par l’Angleterre, 1 par l’Espagne et 1 par la France), contre 9 par un pays d’Amérique du Sud (5 par le Brésil, 2 par l’Argentine et 2 par l’Uruguay).
Il ne pouvait en être autrement puisque aucun pays d’une des 4 autres confédérations n’a jamais pu atteindre une finale. Les Etats-Unis furent les seuls à monter sur la 3ème marche du podium en… 1930 lors de la première édition de la Coupe du Monde disputée en Uruguay par seulement 13 pays.
Le football, divisé en 6 continents par la FIFA, continue donc à se jouer majoritairement par deux d’entre eux. Depuis 1930, depuis 84 ans et depuis 20 Coupes du Monde.
Si nous voyons bien poindre ci ou là quelques nations performantes, principalement dans la zone CONCACAF (Amérique latine et du nord), rien ne nous laisse augurer d’un changement durable dans leurs performances à très haut niveau.
Il serait par conséquent bon pour l’avenir du football en tant que sport et pour son développement en tant qu’activité économique, qu’il puisse réellement émerger sur d’autres continents. Le développement du football au niveau international relève de la compétence de la FIFA. De sa compétence “ratioane materia” et de sa compétence “rationae loci”.
A elle de l’utiliser à bon escient et de bousculer une tectonique des plaques qui se limite pour l’instant à deux continents.
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