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Sports et business

Critiquer son club publiquement peut être constitutif d’une faute grave : le cas de Moldovan à l’AJA

2 août 2019

C’est une rareté. Les clubs de football tentent tellement, et par tous moyens, de déguiser les licenciements de leur coach en « faute grave », alors qu’ils veulent, en réalité, sanctionner un manque de résultats sportifs, qu’on a fini par oublier que le licenciement d’un coach pouvait vraiment se justifier. C’est en tout cas le sens de la décision du Conseil de Prud’hommes d’Auxerre, en date du 27 mai 2019, dans l’affaire opposant l’ex-international roumain devenu entraîneur Viorel Moldovan à l’AJ Auxerre (AJA). Explications.

Engagé par l’AJA pour deux saisons en juillet 2016, Viorel Moldovan est licencié à peine trois mois plus tard, pour avoir tenu sur BeIn Sports des propos critiques envers son club, sa direction et ses joueurs. L’AJA est alors 19ème du classement en Ligue 2. Il vient à nouveau de perdre, plaçant l’équipe auxerroise dans une situation sportive singulièrement compliquée. Les dirigeants du club bourguignon considèrent que les propos du coach ont gravement porté atteinte à l’image du club et décident de rompre son contrat.

Licenciement opportun, ou opportuniste ?

Ulcéré, Viorel Moldovan porte l’affaire devant le Conseil de Prud’hommes d’Auxerre. Il réclame 200 000 euros à titre de dommages et intérêts, pour rupture abusive de son contrat de travail, et 60 000 euros en réparation de son préjudice moral et financier. Mais le 27 mai, la décision des juges douche ses espoirs : il est débouté.

Pour parvenir à cette décision, les juges se limitent à faire une interprétation stricte du règlement intérieur de l’AJA, qui prévoit dans ses articles 16 et 34 que le personnel doit s’abstenir de tout commentaire public négatif sur le club ou sa direction, sous peine de licenciement.

En faisant part de ses critiques, particulièrement acerbes, en public et en direct sur une chaîne de télévision, Viorel Moldovan aurait, selon le Conseil de Prud’hommes d’Auxerre, violé ses obligations contractuelles, son devoir de loyauté et de réserve et la Charte éthique du football. Ce qui justifierait la rupture anticipée de son contrat de travail pour faute grave.

Si les faits semblent justifier la décision prise par les juges, qui est encore susceptible d’appel, il est quand même permis de s’interroger sur l’opportunité, voire l’opportunisme, d’un tel licenciement. Si Viorel Moldovan avait tenu les mêmes propos alors que son équipe était en tête du championnat, aurait-il été licencié ? On peut penser que non. Dans le football plus que dans tout autre secteur, l’éthique est une notion à interprétation variable. Même lorsque, et il faut s’en réjouir, elle s’aligne avec le droit.

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