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Sports et business

Ce qu’il faudrait faire pour rendre attrayant le football féminin en France

3 avril 2014

Il y a vingt ans de cela, un match de football féminin était quelque peu folklorique. Le football pratiqué était pauvre, les filles étaient moquées pour leurs comportements jugés trop masculins et leurs prestations sportives n ‘intéressaient personne. Pas plus les hommes que les femmes elles-mêmes d’ailleurs.

N’en déplaise à certains, il y a de moins en moins de femmes à leurs casseroles…

Quand Bernard Lacombe, conseiller du président de l’Olympique Lyonnais, dont l’équipe féminine est pourtant l’une des meilleures d’Europe, a refusé il y a tout juste un an de répondre à une auditrice de RMC qui donnait son avis parce qu’il “ne discute pas avec les femmes de football” et que celles-ci devraient s’occuper “de leurs casseroles”, beaucoup ont pris la mesure de la misogynie qui règne dans le sport le plus populaire du pays.

Et pourtant, même si de gros efforts restent à faire, la progression du football féminin en France ces deux dernières décennies reste indéniable.

…et de plus en plus de femmes sur les terrains de football…

C’est l’INSEE qui permet de prendre la mesure de ce que représente le football féminin dans notre pays. Les statistiques ainsi fournies permettent tout d’abord de constater sans surprise que le football reste le sport le plus pratiqué par les hommes, puisque plus de 95% des licenciés sont des hommes. Il est donc logique, inversement, que le football ne se trouve pas dans la liste des 10 sports les plus pratiqués par les femmes, puisque à titre d’exemple, plus de 87% des licenciés en danse, plus de 82% des licenciés en équitation, plus de 78% des licenciés en gymnastique, sont des femmes.

Si on s’écarte des pourcentages pour s’intéresser au nombre brut de licenciées, nous constatons qu’alors qu’il y a plus de 580.000 licenciées en équitation, elles ne sont que plus ou moins 100.000 à être licenciées à la Fédération Française de Football (FFF). Le football se rapproche de sports tels que le golf (120.000) ou l’athlétisme (105.000) et il ne tient qu’à la FFF et aux clubs professionnels de football d’en faire progressivement l’égal de sports tels que le handball (160.000) ou le basket (180.000).

…dont les performances sportives sont remarquables

Promouvoir et soutenir le football féminin en France ferait d’ailleurs sens car les filles ont ces dernières années des résultats au niveau européen et international que les garçons pourraient leur envier.

Ainsi, l’Olympique Lyonnais est actuellement classé premier club européen de football féminin, celui de Juvisy 13ème alors que le PSG est pour l’instant classé 25ème. Les clubs français ont une longueur d’avance à cet égard puisque si l’on retrouve Arsenal à la 4ème place de ce classement, Barcelone est 21ème, le Bayern de Munich est 54ème, Liverpool 98ème et Chelsea 99ème. Les autres grands clubs européens de football brillent par leur absence dans ce classement des 100 meilleurs clubs féminins européens.

De même, la France est classée 5ème à l’indice FIFA et talonne de très près le Brésil. Notre équipe nationale est performante, elle pratique un football plaisant qui n’a plus rien à voir avec celui des années 1980-90. Elle se rapproche à grands pas de ces premiers titres internationaux puisque n’oublions pas qu’elle a terminé à la 4ème place de la dernière coupe du monde organisée en Allemagne en 2011. Sa relève est par ailleurs assurée puisque notre équipe nationale des moins de 17 ans a été championne du monde en 2012 en Azerbaïdjan.

Alors quel est le problème ?

Farid Benstiti, actuel entraîneur de l’équipe féminine du PSG et qui fut celui de l’Olympique Lyonnais pendant 9 ans, déclarait récemment sur Canal Plus : “Ça fait 15 ans que je suis dans le football (féminin) et j’ai l’impression que nous n’avons pas progressé d’un pouce.”

Aurait-il raison là ou la progression de la pratique féminine en France, le classement des clubs français à l’échelon européen et les résultats de nos équipes nationales semblent lui donner tort ?

La réponse à cette question est indubitablement positive. Le championnat de division 1 (D1) se sclérose. Cette année, les audiences ont même commencé à chuter ce qui s’explique en grande partie par le fait que championnat n’a aucun intérêt. Depuis maintenant près d’une décennie, l’OL survole la compétition. Les petits clubs de D2 n’arrivent pas à faire la transition footballistique et économique avec la D1 et les équipes du ventre mou ne progressent pas.

Il faut rendre le championnat de D1 beaucoup plus attrayant qu’il ne l’est…

Le manque d’homogénéité entre les différentes équipes est flagrant et il suffit pour s’en convaincre de constater chaque week-end les scores fleuves ponctuant les rencontres entre les équipes du haut de tableau et celles du bas voire même souvent du milieu de tableau.

Alors que faire? Farid Benstiti, comme d’autres qui osent ouvrir le débat, propose l’organisation de play offs. D’une part pour relancer l’attrait sportif du championnat car comme il est coutume de dire, “sur un match, tout est possible” (traduction: sur la durée d’un championnat, le plus gros bat quasi immanquablement le plus petit alors que sur un seul match, l’incertitude sportive est plus grande). D’autre part pour en renforcer la visibilité car le public pourrait ainsi avoir accès à des matches de haut niveau qui pourraient alors attirer les diffuseurs.

Finalement, il ne serait pas déraisonnable de penser que si l’attrait sportif du championnat de D1 féminine et sa visibilité étaient ainsi renforcés, ses revenus provenant des droits TV et autre sponsoring augmenteraient en conséquence. Et il ne serait du coup pas déraisonnable non plus de considérer que les revenus du football féminin amateur bénéficieraient également, directement ou indirectement, de ces augmentations de recettes.

…et pour cela, la FFF doit oser réformer

Alors pour que le football féminin français ait vraiment un avenir et pour qu’il suive en cela les développements du football masculin, la FFF devrait oser regarder la situation en face, comme Farid Benstiti et d’autres le font. Dit autrement, elle devrait oser innover et oser accélérer la professionnalisation du football féminin. Cela fait bien trop longtemps qu’elle tergiverse sur le sujet.

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