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Michel Platini, le dirigeant dont la FIFA a besoin

4 janvier 2015

Si on ne présente plus Michel Platini, il faut quand même pour les sceptiques et autres critiques, remettre les pendules à l’heure. Platini ce n’est pas Kopa, son illustre prédécesseur ni même Zidane, son brillantissime successeur. Michel Platini c’est bien plus que le capitaine de l’équipe de France demi-finaliste lors des coupes du Monde 1982 et 1986 et championne d’Europe en 1984. C’est également bien plus que le joueur légendaire de la Juventus de Turin ou encore le joueur aux 3 Ballons d’Or.

C’est aussi et surtout celui qui a su devenir l’un des plus puissants dirigeants du football mondial après avoir été le meilleur joueur du monde. C’est en d’autres termes un homme au destin fabuleux. Un homme dont l’histoire peut à peine se rêver tellement elle peut paraître incroyable.

Une fois sa carrière de joueur terminée, il passa de la Fédération Française de Football (FFF) dont il occupa pendant un certain temps la vice-présidence, à l’UEFA à la tête de laquelle il fut élu en 2007, réélu en 2011 avant de l’être à nouveau en mars 2015, pour maintenant se présenter à la présidence de la FIFA. Comme si finalement après avoir été le meilleur joueur français, le meilleur joueur européen puis le meilleur joueur du monde, il voulait suivre une ascension quasi similaire en tant que dirigeant.

En d’autres termes, Michel Platini c’est le football incarné en tant que personne. Et personne n’incarne mieux le football que Michel Platini.

Alors d’où viennent les doutes et critiques qui entourent sa candidature ? Principalement du fait que Michel Platini siège au sein du comité exécutif de la FIFA depuis 2002. Il n’est donc pas l’homme neuf et providentiel que certains voudraient présenter. Et ce d’autant moins qu’entre 1998 et 2002 il fut également le conseiller à la FIFA d’un certain… Sepp Blatter. Par conséquent, avoir côtoyé et exercé le pouvoir au sein de la FIFA pendant 17 ans ne l’aide pas à promouvoir l’idée qu’il pourrait incarner une nouvelle gouvernance.

Ensuite, on reproche à Michel Platini d’entretenir des liens un peu trop étroits avec le Qatar. Il est vrai qu’après avoir ardemment soutenu la candidature de ce pays pour la coupe du Monde 2022, sur laquelle pèsent de forts soupçons de corruption, son fils Laurent vient de rejoindre Qatar Sports Investments à Paris en qualité de juriste. Le timing est donc loin d’être optimal pour son père.

En d’autres termes, son passé à la FIFA et ses relations qataries feront nécessairement de Michel Platini, aux yeux de certains et comme l’écrivait récemment le Politico, “le Blatter à l’accent français”. Il n’est pas un outsider. Et il a de surcroît fait des erreurs ces dernières années à l’UEFA comme à la FIFA.

Alors certes, je suis en totale opposition avec lui sur des sujets clés tels que le Fair-Play Financier, le recours à la vidéo ou encore le fait que le football devrait pouvoir bénéficier d’une exception dite culturelle qui le soustrairait à certaines règles juridiques.

Certes, être président de l’UEFA c’est avant tout diriger une institution tournée vers la compétition et donc le football, là où être président de la FIFA consiste avant tout à représenter le football à travers le monde et ne vivre la compétition que lors des différentes coupes du Monde. Ce qui a priori siérait moins à Michel Platini.

Certes Michel Platini pourrait être entendu, en sa qualité de membre du comité exécutif de la FIFA, dans le cadre des différentes procédures judiciaires en cours pour corruption. Et ceci pourrait continuer à nuire à l’image de l’organisation qu’il se proposerait alors de servir.
Pourtant, malgré tout cela, je signerais des deux mains (ou des deux pieds) pour qu’il soit élu à la tête de la FIFA.

Tout d’abord parce que Michel Platini sait aujourd’hui mieux que quiconque ce qui a dysfonctionné ces dernières années au sein de cette organisation. Il l’a dénoncé haut et fort, peut-être tardivement diront certains, mais en tout cas de manière suffisamment claire, pour pousser Sepp Blatter au départ.

Il a la légitimité du joueur qu’il a été. Il a la légitimité du dirigeant qu’il est aujourd’hui. Il a l’expérience des instances dirigeantes du football mondial.

Il n’a enfin, et peut-être tout simplement, pas de concurrent sérieux. Et devrait-il en avoir un, celui-ci pourra-t-il réunir en une seule et même personne ce que Michel Platini représente aujourd’hui pour le football mondial ? Il est permis d’en douter.

J’invite donc tous ceux qui ont fait de leur hargne vindicative leur métier à ne pas perdre de vue que la FIFA n’a plus de temps à perdre. Elle ne peut pas se permettre d’élire un dirigeant qui viendrait à Zurich pour apprendre le métier. Elle a besoin d’un dirigeant sachant et crédible.

Car la tâche sera rude. Contrairement à l’UEFA où Michel Platini est arrivé avec son slogan “le foot d’abord”, il devra arriver à la FIFA avec un nouveau slogan : “la gouvernance d’abord”. Il lui faudra en effet restaurer l’image de la fédération internationale de football en jouant sur trois paramètres essentiels qui, pris isolément, sont inopérants, mais qui bien articulés peuvent révolutionner le fonctionnement de cette organisation.

Le premier changement doit concerner la professionnalisation de la gouvernance: la FIFA est une multinationale. Elle doit donc être gérée comme telle. Il n’y a plus de place dans cette organisation pour des membres de fédérations nationales aux compétences incertaines. Tenter de changer la gouvernance de la FIFA avec des hommes et des femmes incompétents est une vue de l’esprit. Cela peut sembler aller sans dire pour tous ceux qui connaissent les règles de gouvernance mises en place dans les sociétés multinationales. Mais pour ce faire, il faut en réalité modifier les statuts de la FIFA. Et pour modifier les statuts de la FIFA, il faut obtenir l’approbation de ceux à qui on demande d’abandonner certaines de leurs prérogatives et autres avantages.

Le deuxième changement, une fois des hommes et femmes compétents et de bonne volonté mis en place, consiste à changer les règles de contrôle des décisions prises et exécutées par la FIFA. Contrairement aux idées reçues, les procédures pour éviter les dysfonctionnements majeurs mis en lumière étaient déjà existantes. Mais leur mise en œuvre a été entravée par une présidence surpuissante. Il convient donc de les réactiver, de les soumettre à des contrôles externes plus réguliers et de s’assurer que chaque action financée par la FIFA dans quelque confédération que ce soit, puisse être évaluée par des auditeurs externes choisis par elle-seule.

Finalement, le dernier changement majeur consisterait à limiter le nombre de mandats du président à deux, quitte à le faire passer de 4 à 5 ans. Car au final il ne faudrait pas qu’au roi Havelange ait succédé le monarque Blatter pour que l’empereur Platini finisse par le remplacer.

Ces réformes nécessitent courage et force de conviction. Elles ne sont pas à la portée du premier venu. Elles ne peuvent être mises en œuvre que par un dirigeant expérimenté et de très haut niveau. Et ce dirigeant, c’est sans conteste Michel Platini.

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