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Sports et business

La Coupe du monde de tous les superlatifs et… de tous les dangers

12 juin 2014

La FIFA a désigné en 2007 le Brésil comme pays organisateur. C’était a priori un très bon choix. Le Brésil c’est d’une part, selon le FMI et la Banque Mondiale, environ 202 millions d’habitants (ce qui le met au 5ème rang mondial en termes de population) et, d’autre part, le 8ème pays le plus riche au monde (son PIB pointe juste derrière celui de la Russie).

C’est aussi un pays qui n’a tourné la page de la dictature qu’en 1985 et qui depuis lors, malgré un système politique à parfaire, s’est durablement inscrit dans le concert des nations démocratiques.

Nous ne pouvons donc que nous féliciter du choix de la FIFA d’avoir octroyé cette compétition, lors d’un vote transparent, à un pays qui outre un développement démocratique et économique remarquable, reste également le pays du football par excellence.

Car le Brésil est en effet le seul pays au monde à avoir participé à toutes les phases finales de la Coupe du Monde depuis sa création. C’est un pays qui a été 10 fois demi-finalistes en 19 éditions, 7 fois finalistes et 5 fois champions du monde, détenant par la même le record du nombre de titres dans cette compétition.

C’est le pays du roi Pelé, seul joueur dans l’histoire du football à avoir été trois fois champion du monde. C’est le pays du “fenomeno” Ronaldo, qui détient encore à ce jour avec l’Allemand Klose le record du nombre de buts (15) marqués lors des phases finales de Coupes du Monde. C’est enfin le pays dans lequel le football est joué partout et par tous et qui produit, loin des canons de la formation à l’européenne, des talents à la pelle qui viennent ensuite briller dans nos championnats.

En résumé, tous les amoureux du football ne peuvent que se réjouir, a priori, de voir la fête mondiale du football se dérouler dans le pays qui aime le plus ce sport. Et ce d’autant plus que si le Brésil est favori à domicile, il devra compter avec des équipes comme l’Allemagne, l’Argentine, l’Espagne, les Pays-Bas et…la France pour lui disputer sa 6ème couronne mondiale. La compétition s’annonce donc sous les meilleurs auspices sportifs.

La FIFA se frotte les mains…

Pour la FIFA, cette compétition sera également celle de tous les records. Un de plus pourrions-nous dire lorsqu’il s’agit de ces recettes financières. A titre d’exemple, la FIFA avait obtenu quelques 60 millions d’euros de droits TV pour la Coupe du Monde organisée en Italie en 1990. Vingt ans plus tard, en Afrique du Sud, elle aurait empoché environ 1771 millions d’euros de droits de retransmissions, tous supports confondus, soit une augmentation de plus de 2950 % de ces droits TV.

Par ailleurs, selon les premières estimations des services de la FIFA, les droits TV de la Coupe du Monde au Brésil devraient atteindre un minimum de 3200 millions d’euros soit une nouvelle augmentation de plus de 180 % par rapport aux recettes générées par la précédente édition.
Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

…avant de se faire taper sur les doigts !

Et pourtant tel n’est pas le cas.

Au Brésil d’abord, 8ème PIB du monde, le PIB par habitant utilisé en règle générale pour mesurer approximativement le revenu par tête, le place, selon le FMI à la 53ème place mondiale. En d’autres termes, le Brésil s’est fortement développé ces dernières décennies, mais les inégalités sociales restent extrêmement profondes.

Le Président Lula et la Présidente Rousseff qui lui a succédé, se sont donnés comme priorité l’accélération de la croissance du pays et la réduction de ces inégalités. Cela n’empêche pas une contestation sociale inédite d’agiter les grandes villes du Brésil depuis juin 2013. Les manifestations sont donc bien antérieures au début de la Coupe du Monde. Mais il est vrai que l’approche de la compétition ravive la flamme des manifestants et il est par conséquent à craindre que ceux-ci veuillent se faire entendre durant le Mondial, quoi que puisse en penser Michel Platini qui les a maladroitement inviter à taire leurs exigences durant la compétition.

Nombreux sont, en effet, les Brésiliens qui ont du mal à comprendre que leur pays puisse injecter quelques 10 milliards de dollars pour organiser la Coupe du Monde, alors qu’ils estiment leurs services sociaux en déliquescence. Il faut donc souhaiter au gouvernement brésilien et à la FIFA que la Coupe du Monde 2014 soit couronnée de succès. A défaut, le Brésil devra repenser sa copie avant l’organisation des Jeux Olympiques de Rio de 2016

La FIFA, quant à elle, pourrait alors utilement se demander s’il est légitime qu’elle continue à encaisser des recettes de plus en plus importantes sans se soucier d’une répartition qui tienne compte des besoins du pays d’accueil. Dit autrement, devra t’elle répartir ses recettes de la même manière au Brésil qu’elle le fera au Qatar? La question mériterait d’être posée.

La FIFA fera sans doute le dos rond et attendra 2018 et la Coupe du Monde en Russie où il y a peu de chance qu’une quelconque contestation sociale puisse s’y exprimer. Puis elle ira peut-être au Qatar en 2022 ou la Coupe du Monde a été octroyée dans des conditions à éclaircir, pays dans lequel elle viendrait de surcroît de découvrir que la température pouvait atteindre 50°C en été…

Bref, au regard des Coupes du Monde à venir, la FIFA pourrait donc bien être amenée à manger son pain blanc au Brésil. Le problème est que, du pain blanc, de nombreux Brésiliens crient dans les rues ne pas en avoir assez. Et il est difficile de ne pas les entendre.

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